Avec les drones, la SNCF prend l’air
Publié le 9 janvier 2017 par Carine Claude
Surveillance, maintenance des installations, collecte de données… Le 5 janvier, la SNCF a inauguré Altametris, sa filiale drones destinée à inspecter son réseau en temps réel et à en assurer la sûreté, sans perturber le trafic.
Du rail aux drones, la SNCF a franchi le pas. Pour surveiller et sécuriser son gigantesque réseau, elle mise désormais sur l’aérien en se dotant d’une nouvelle filiale spéciale drones baptisée Altametris. Objectif : remplir des missions de grande envergure et traquer les actes de malveillance. Grâce à des systèmes de mesure photographique, laser ou infrarouge, les drones pourront inspecter l’ensemble du réseau, fournir les plans en 3D des infrastructures devant être rénovées, contrôler la sécurité…
« Les gains en terme de productivité s’annoncent considérables », a déclaré Alain Vidalies, secrétaire d’Etat aux transports lors de l’inauguration de la filiale le 5 janvier à Paris. Car l’enjeu est de taille. Rien qu’en 2016, 4,9 milliards d’euros ont été investis dans la maintenance des infrastructures ferroviaires, l’Etat promettant d’engager 46 milliards d’euros supplémentaires pour la rénovation du réseau au cours des dix prochaines années.
« Il s’agit également de confirmer le leadership français en matière de drones civils et de contribuer à la structuration de la filière », ajoute Alain Vidalies rappelant que la SNCF, membre du Conseil des drones civils, a travaillé étroitement avec la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) sur les questions réglementaires.
Les dronistes du rail
Avec seulement 12 drones, la flotte semble pour l’heure modeste. Aux côtés des drones avions et des gros multicoptères, l’escadrille se compose d’aéronefs du commerce customisés, comme un Phantom IV Pro de DJI pour les prises de vue ou encore le Bebop des Français de Parrot, décrit comme « le drone compagnon de l’agent SNCF sans formation et à usage type levé de doutes » (sic).
Constituée de 20 ingénieurs, dont 4 télépilotes confirmés, l’équipe s’est d’abord consacrée à une longue phase de proof of concept démarrée dès 2004 pour tester les machines et concevoir des capteurs sur mesure adaptés aux conditions difficiles, comme le diagnostic du réseau après le passage d’une tempête ou l’inspection des parois rocheuses.
Epaulés par des chercheurs, des industriels et des start-ups, les dronistes du rail ont mené leurs travaux de R&D en partenariat avec l’Office national des études et recherches en aérospatiale (Onera) et l’Institut national des sciences appliquées (Insa).
A quoi sert le drone avion à voilure fixe DT26, une vidéo SNCF:
« Les choses vont évoluer très vite sur le terrain. Plutôt que de partir sur un drone bardé de capteurs, nous aurons peut-être bientôt des essaims de drones plus légers et munis d’un seul capteur chacun », explique Nicolas Pollet, directeur général d’Altametris, qui dit réfléchir avec ses équipes à la mise à disposition en open source de certaines données relevées.
« L’objectif est de passer en phase d’industrialisation sur l’ensemble du territoire le plus rapidement possible, précise Patrick Jeantet, président de SNCF réseau. La technologie drone va nous aider à faire baisser les coûts du ferroviaire et la création d’une filiale nous donne une plus grande souplesse de gestion. »
Le président du réseau ferré reste pourtant discret sur le capital de sa filiale et les budgets consacrés à son développement, mais promet d’en doubler les effectifs d’ici 5 ans. Du côté des usagers, il affirme qu’aucune application n’est prévue pour l’instant. « A moins de surveiller lesdits usagers », s’en amuse Alain Vidalies.