Suivez le guide à la Myne
Publié le 15 décembre 2016 par Timothée Gosselin
Timothée Gosselin, biohacker en herbe, a posé ses valises à la Myne, tiers-lieu lyonnais. Mais c’est quoi un tiers-lieu? Visite guidée.
Après avoir suivi mes aventures à Valldaura et dans le monde du biohacking, je vous invite à découvrir la vie d’un tiers-lieu, la Myne, dans les contrées lyonnaises.
La Myne, présentation:
Repenser notre société, penser tiers-lieu
Pour moi, tout commence un mois de février 2015. Alors community developer de Future of Waste, je suis à la recherche d’initiatives inspirantes sur l’économie circulaire. Une équipe lyonnaise attire mon attention. OMM, pour Open Micro Metha, développe un micro-méthaniseur afin de valoriser les déchets organiques.
Rieul Techer et Charlotte Rizzo, initiateurs de la Myne, m’accueillent bras ouverts pour quelques jours dans leur univers. Je me rends vite compte que ce n’est pas simplement un projet de méthanisation que je découvre mais un tiers-lieu en devenir, alors connu sous le nom de la Paillassaône, l’équipe sur laquelle on ne s’essuie pas les pieds.
Inspirés par le biohacklab la Paillasse Paris, ces passionnés passionnants m’explique alors leurs ambitions. La création d’un espace d’expérimentation ouvert à tous. Un espace d’émancipation et de liberté qui casse les codes de la recherche scientifique. Un espace d’innovation citoyenne.
Après des mois de mobilisation et d’exploration, une opportunité se présente au 1 Rue du Luizet à Villeurbanne, en plein cœur du campus universitaire de la Doua. Tous ces efforts se cristallisent dans cette maison de 150m2 avec jardin. En quelques mois, c’est à coup de marteaux, de pinceaux et d’huile de coude que la communauté s’approprie le lieu et le baptise alors la Myne, la Manufacture des idées et nouvelles expérimentations.
Quelques projets passés avec ces motivés un peu allumés. Quelques visites et squattage de canapés dans la ville lumière. Je me rends à l’évidence, il est temps pour moi de poser mes bagages. Lyon sera ma ville, la Myne ma seconde maison, le labo mon terrain de jeu et les Myneurs, mes collègues mais surtout amis.
Bienvenue à la Myne, bienvenue chez nous/vous
Comme beaucoup, c’est un mercredi, jour de portes ouvertes, que vous vous décidez à pousser la porte de la Myne. Attention, une fois cette étape passée, il sera difficile de faire demi-tour et votre esprit risque d’être occupé par des projets toujours plus inspirants les uns que les autres. C’est donc d’un pas hésitant que vous vous engagez dans cette impasse de la rue Croix de Luizet pour finir devant la porte de la Myne… Pas de sonnette… Après avoir toqué, personne ne répond… Mais l’agitation derrière vous incite à pousser la porte.
Aujourd’hui je serai votre concierge. Votre visite guidée commence alors dans le Serious Space, l’espace de coworking.
Vous y croisez David, artiste maintenant adepte des tiers-lieux, Baptiste, ancien de l’Insa (école d’ingénieurs) et co-fondateur de l’Atelier soudé, et deux acolytes stéphanois en visite depuis le fablab Open Factory venus préparer les Open City Labs dans le cadre de la prochaine Biennale du design de Saint-Etienne. Tous vous donnent rendez-vous fin janvier pour prendre part à cet événement.
Ils vous invitent dans la cuisine, centre de débats enflammés et de moments de partage, le cœur même de tout tiers-lieu. Connie et Benjamin, couple inséparable à la pensée aussi complexe que les systèmes qu’ils affectionnent, y préparent comme à leur habitude le repas du soir pour ceux qui s’attardent dans les locaux, tout en vous expliquant la démarche de la Myne pour une cuisine zéro gâchis, zéro énergie.
A travers la cloison fraîchement tombée et soutenue par des poutres de récupération, vous apercevez le Not So Serious Space où Charlotte délivre une formation pour que chacun puisse devenir concierge d’un jour… ou de toujours…
Il est alors temps de visiter les sous-sols de la maison où, dans le Labo, Guillaume, chercheur documentaliste, prépare sa bière à base de pain rassis.
Oriane, chimiste de formation et en service civique à la Myne, et Jean-Marie, chômeur-entrepreneur, manipulent des matériaux plutôt surprenants à base de kombucha au milieu des microscopes, verreries en tout genre et préparations de potasse. Ils vous présentent alors les différents projets et expérimentations en cours et vous invitent à devenir vous aussi, dans ce sous-sol, designer du vivant.
Le Labo donne alors accès au garage plus connu sous le nom d’Atelier. Un brouhaha attire votre attention.
Derrière la porte se trouve la tanière des passionnés d’électronique et super-héros de la réparation. Une vingtaine de personnes s’activent au milieu des postes à souder, carcasses de téléphones, ordinateurs et appareils électroménagers. Hubert, retraité avide de partager ses connaissances, vous présente l’Atelier soudé, pour réparer les objets électroniques. Dans des temps plus calmes, l’atelier vous accueille pour vos sessions de prototypage et de bricolage.
La visite touche à sa fin avec un passage dans le jardin où, au milieu des vestiges de mobiliers chinés et des palettes transformées, vous tombez nez à nez avec quelques prototypes comme un module aquaponique.
Vous y croisez Paul, ingénieur mécanique désormais service civique après avoir osé traverser la route depuis l’Insa, et Mélia, ancienne animatrice à la sauce éducation populaire en reconversion après des études en sciences sociales, en pleine discussion sur la réorganisation du jardin et de la matériauthèque.
Il est alors temps de rentrer. Mais que vient-il de se passer ? Qui sont ces gens ? Tiraillé entre un vertige d’informations pas toujours buvables et une bouffée d’air quelque peu enivrante, le chemin du retour ne s’annonce pas tranquille mais la nuit pleine de rêves. Qui, à la Myne, peuvent devenir réalité, grâce à vous.
Aller à la Myne: soirées publiques Ox[Y]Gen les mercredis soirs (18h-21h), réparation et bricodage à l’Atelier Soudé, les lundis (16h30-19h30) et mercredis (18h-21h)