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Le Lab Gamerz fait son festival à Aix-en-Provence

Concert-performance de Yann Leguay à la Fondation Vasarely pour l'ouverture du festival Gamerz 2016. © Luce Moreau

La douzième édition du festival Gamerz se tenait du 4 au 13 novembre à Aix-en-Provence. L’occasion pour le Lab Gamerz de montrer quelques-uns des travaux et productions menés à l’année dans ses locaux.

Aix-en-Provence, envoyé spécial

Le festival Gamerz a émergé il y a plus d’une dizaine d’années à l’initiative d’anciens étudiants de l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence. Les fondateurs se considèrent comme de la génération née dans les années 1980 dont la pratique artistique a été fortement influencée par la culture du jeu vidéo, de l’expérimentation et du détournement ludo-numériques en général. Sans doute aussi parce que l’école prodigue un enseignement dans les arts numériques, avec par exemple des ateliers de mécatronique ou dédiés aux environnements du jeu et du virtuel. Resté très proche de l’école d’art, le festival investit également de nombreux autres lieux de la ville, comme la Fondation Vasarely, Seconde Nature ou la Cité du livre d’Aix-en-Provence.

Performance «Informance Actuator::MG» des acrobates hors gravité de Postgravityart. © Luce Moreau
Les flippeurs, instruments de musique de Lucas Abela. © Luce Moreau
Détail de l’installation de recyclage électronique «Refunct Modular» par Benjamin Gaulon. © Luce Moreau

Hologrammes pour tablette

À la bibliothèque Méjanes de la Cité du livre, le Lab Gamerz montrait l’exposition Holo-Lab, plusieurs travaux d’artistes accueillis en résidence sur des dispositifs holographiques dits de « fantômes de Pepper », comme France Cadet, Géraud Soulhiol, Paul Destieu ou François Lejault. Ces propositions prennent la forme « d’images virtuelles sans support, mixant des techniques de représentation 3D actuelles avec une technologie issue de l’univers de la prestidigitation du 18ème siècle », explique Quentin Destieu, co-directeur du Lab Gamerz avec Sylvain Huguet. Développé par le Lab Gamerz, ce dispositif permet d’utiliser un tablette tactile pour diffuser des images holographiques de manière autonome et mobile. Il consiste en plusieurs parties emboitables comprenant un socle et un écran, imprimées en 3D.

Le «Projet Arena» de Géraud Soulhiol exposé à la Méjanes. © Luce Moreau
Géraud Soulhiol explore de manière spéculative l’architecture des stades. © Lab Gamerz
«Hololeçon #32» de France Cadet, une animation 3D holographique pour iPad, 2016. © Luce Moreau

Archives d’une frappe

Installé dans ses locaux du Patio du Bois de l’Aune depuis 2009, le Lab Gamerz organise à l’année des ateliers pédagogiques sur différentes techniques de la chaîne de création 3D (impression 3D, holographie, video 3D, réalité virtuelle, etc.) et accueille des artistes souhaitant utiliser les technologies dans la création de projets artistiques et bénéficier d’une aide technique ou logistique allant de l’écriture du projet à sa réalisation.

Bastien Vacherand, en charge des résidences d’artistes et des ateliers pédagogiques. © Lab Gamerz

Archive d’une frappe est ainsi une série de travaux du Marseillais Paul Destieu. Initialement une sculpture matérialisant dans l’espace la trajectoire des baguettes d’un batteur percussionniste à échelle 1/1, Archive d’une frappe se décline en diverses démarches prospectives matérialisant des formes sonores et musicales. La dernière itération consistant à suivre les mouvements du batteur dans une version holographique était également visible à la bibliothèque Méjanes.

Paul Destieu a travaillé avec Damien Ravnich du groupe Postcoïtum qui a réalisé un solo pour batterie. © Lab Gamerz
«Archive d’une frappe», sculpture en impression 3D de la frappe du batteur. © Paul Destieu

Imprimer des brèches pour abeilles

L’artiste Luce Moreau, qui développe au Lab Gamerz une partie de son projet Nature Ordonnée sur les architectures de ruches d’abeilles (dont nous vous avons déjà parlé), présentait son travail à la galerie Art-Cade à Marseille. Brèches Mécaniques modélise et imprime en 3D un essaim d’abeilles.

Ruche d’abeille imprimée en 3D. © Luce Moreau
Modélisation 3D de la ruche réalisée par Géraud Soulhiol pour Luce Moreau. © Luce Moreau

L’objectif final est de concevoir des brèches d’abeilles à l’aide d’une imprimante 3D capable de déposer de la cire d’abeille refondue. L’artiste, qui collabore à cet effet avec une plateforme technologique franco-suisse dans les domaines de la mécatronique, souhaite installer ses constructions, à l’aide de cire fondue et de propolys, dans un embranchement d’arbre de forêt afin d’observer leur appropriation (ou non) par un essaim sauvage.

L’artiste Luce Moreau (au centre) et la productrice Constance Meffre collaborent avec l’ingénieur Hervé Mugnier dans le cadre de la recherche « One Bee » (MIND) pour concevoir l’imprimante 3D à cire d’abeille. © Diffusing Digital Art

La réplique des formes naturelles figurerait une fiction dystopique dans laquelle la machine pourrait attirer l’abeille dans la nature afin qu’elle s’établisse et construise instinctivement.

«Les modules chimériques, la conquête spatiale, le palais sociétaire, l’entomologie, l’architecture utopique, la géométrie, les pièges photographiques, la brèche mécanique, les systèmes politiques ou le camouflage constituent un ensemble indéfini de mes diverses approches du sujet.»

Luce Moreau, artiste

Luce Moreau veut ainsi interroger « la relation réversible entre la société humaine et les organisations animales ». Elle étudie l’ascendance de l’une sur les autres, mais aussi l’interpénétration de leurs systèmes et comportements, dont le dessein commun est la survie.

Les sites du Lab Gamerz et du festival Gamerz