S’émanciper des écrans tout en proposant des jeux inédits. C’était l’objectif de la gamejam «smartphones et mouvements» organisée au fablab de la Cité des sciences du 21 au 23 octobre, sous la houlette du Gamelab du CRI.
Une gamejam qui swingue… Vu le programme (« smartphones et mouvements »), vu le casting (le gamelab du CRI Paris, l’association Gamelier, l’Ircam, l’Ensci-Les Ateliers et le fablab Carrefour numérique), le week-end allait être ludique et forcément inédit. L’objectif annoncé : « Créer des jeux collectifs poétiques alliant mouvement, son et musique. » Quelque trente participants se sont retrouvés vendredi 21 octobre au soir, à la Cité des sciences, dans une salle attenante au fablab Carrefour numérique, pour entamer cet atelier de prototypage partagé. Tenues confortables de rigueur pour bouger, avait prévenu Alexandre Vaugoux, maître de cérémonie et gamelab manager.
En introduction, Norbert Schnell et Frédéric Bevilacqua, chercheurs à l’Ircam, Joël Chevrier, enseignant au CRI et à l’Ensci, ont présenté des expériences explorant la relation entre corps, média et espace réalisées à l’Ensci et dans le cadre du projet Cosima (Collaborative Situated Media). L’anthropologue Anne Dubos et la danseuse Hortense Kack ont évoqué des recherches sur le mouvement, du théâtre indien aux… gestes déposés par les fabricants de smartphones.
A disposition des participants, outre le fablab Carrefour numérique, une palette d’outils logiciels (prototypes d’applications, bibliothèques d’interfaces, le socle d’applications Soundworks, dédié aux expériences musicales avec smartphones), et, côté hardware, les cartes à capteurs de mouvement R-IoT de l’Ircam, un kit de bio-capteurs ainsi que le contrôleur capteur Movuino et sa plateforme, développés par Kevin Lhoste (CRI).
Hortense Kack chorégraphie les gestes du smartphone
Cache-cache sonore, orchestre de battements de cœur…
Après conciliabules, les game jammers ont présenté pléthore d’idées de jeu : un art martial pour taire les sons dissonants de l’adversaire, un jeu de cache-cache sonore, un Street Fighter dans la vraie vie, un orchestre basé sur les rythmes du cœur, un système de réalité virtuelle pour se voir à la troisième personne…
Samedi, six groupes se sont formés autour des projets retenus, comprenant designers, développeurs, danseurs, sound designers et même un fabmanager, Vivien Roussel de la Fabrique numérique de Gonnesse. Côté Carrefour numérique, Mike, graphiste, et Nicolas, 14 ans, modélisaient des totems sur le logiciel 3D Blender pour le jeu de cache-cache, qui s’était déjà transformé en rituel d’initiation tendance aztèque. Des raquettes de ping-pong étaient aussi à la découpe. Objectif : y insérer des capteurs.
« Communication des streams en peer to peer, binding VR intégré. » Alexandre Vaugoux a quitté sa casquette de MC pour travailler avec Jonathan Girou, programmeur, sur le projet de vision à la troisième personne à l’aide d’un casque de réalité virtuelle. Tout est sur Github. Plus qu’à le tester dans une gamejam dont la devise serait : « Qui ne sait pas sauter n’est pas développeur ! » Laurent Qui, compositeur à l’origine du projet de « cœur orchestre », avait perdu son équipe de développeurs. A la rescousse, les codeurs de l’Ircam Joseph Larralde et Benjamin Matuszewski.
La soirée démo de dimanche
Ceux qui n’avaient pas de programmeur de génie mais une bonne idée de gameplay, comme la chorégraphe Jeanne Bloch et le chercheur designer Rémi Bec, smartphones chevillés au corps, ont tout misé sur une performance échevelée dimanche soir, à l’heure de la restitution des projets. La démonstration finale était ouverte au public, qui s’est bien amusé à défaut de toujours comprendre ce qu’il regardait…
Rémi et Jeanne à la lutte pour éviter les fausses notes
Super Attack du Air Fighter d’Emmanuel, Clément et Jesse
Boîte à rythme cardiaque par François Rey, danseur
La raquette augmentée de Gaëtan Guironnet, prof d’EPS
Le projet d’Adrien, ingénieur… Pas tout compris, mais on aime quand même
La documentation des projets est en cours sur la plateforme Itch