A Tours, le Funlab a déménagé en juin à Mame, bâtiment du patrimoine industriel et nouveau «lieu totem» de la French Tech locale. Nos chroniqueurs Dcalk, qui connaissent bien le lab, racontent la transition de cette Fabrique d’usages numériques.
C’est la rentrée des fablabs. Il y a ceux, déjà bien en place, qui recrutent. Et d’autres, comme le Funlab, porté par l’association La F.U.N à Tours, qui déménagent et prototypent leur atelier de fabrication numérique en réfléchissant à la meilleure façon de passer d’un fonctionnement bénévole à un modèle économique ingénieux.
Fabrique mobile et compagnonnage
En 2013, une poignée de bidouilleurs tourangeaux réunis autour de Didier Roudaut, informaticien, créait l’association La F.U.N, pour gérer et animer « un atelier offrant au public des outils de fabrication numérique ». Autrement dit, un fablab: le Funlab (pour Fabrique d’usages numériques). Sans local, ses membres jouent d’abord la carte du nomadisme et proposent des ateliers hebdomadaires à la Cantine Numérique, dans le quartier du Sanitas à Tours, créant des passerelles avec la communauté de start-upeurs Palo Altours et d’entrepreneurs de la coopérative Artefacts.
Des liens forts se tissent également avec les Compagnons du Devoir, bien ancrés en Touraine et désireux d’offrir à l’ensemble des sections d’apprentis des modules de découverte autour de la fabrication et de l’artisanat numérique. Au point que les Compagnons, qui dès le Moyen-Âge, se déplaçaient de chantier en chantier pour développer leur savoir-faire, proposent au Funlab un espace dans leurs locaux du vieux Tours. Depuis deux ans, la communauté du Funlab a grandi, atteignant 130 adhérents aujourd’hui.
Esprit «ludomaker»
Dcalk comptant dans son équipe des membres originaires de Tours, la rencontre avec le Funlab a lieu dès 2013. En 2014 et 2015, on s’invite sur la thématique jeu de société et fabrication numérique. Entre les rencontres Spiele Punk de Dcalk à Nantes et le festival Ludiquai, organisé par la Maison des jeux de Touraine (MDJT), en partenariat avec les fablabs de Nantes et Tours, Plateforme C et le Funlab, l’esprit « ludomaker » germe… Jusqu’au prototypage de premiers jeux, documentés sur le wiki du Funlab : un échiquier (à la découpe 2D fil chaud), un Yoté (gravé et découpé à la fraiseuse), des pièces pour adapter un jeu au handicap visuel (impression 3D) ou plus récemment un Twin-IT perpétuel.
Cet été, la MDJT est ainsi venue au Funlab fabriquer sa version DiY du Twin-It, avec l’aimable autorisation de son auteur, Tom Vuarchex, créateur du Jungle Speed.
Fablab associatif et Silicon Vallon
Durant ces trois années, un grand vent de collaboration, de développement économique et de « rayonnement international des jeunes pousses » a soufflé un peu partout dans l’Hexagone, jusqu’à Tours, qui voudrait bien elle aussi obtenir le label French Tech. La ville choisit d’implanter son « lieu totem » sur le site de l’ancienne imprimerie Mame, avec son architecture industrielle des années 1950 signée Jean Prouvé. Une Cité de la création et du numérique, qui rassemble entreprises, entrepreneurs, start-ups, incubateurs, consultants RH et… un fablab associatif, y est officiellement inaugurée en juin 2016.
C’est aussi en juin que le Funlab y déménage avec l’envie d’écrire un nouveau chapitre de son histoire, d’interroger l’écosystème et d’expérimenter de nouveaux usages en fablab.
Le noyau de membres actifs, tous bénévoles, s’est engagé tout l’été dans une dynamique de structuration, qui, on le souhaite, permettra de transformer ce prototype de fablab en atelier de fabrication numérique prêt à satisfaire une demande croissante de la part d’enseignants, médiathécaires, retraités, étudiants des beaux-arts, compagnons, entrepreneurs et créateurs. A suivre !
La « rentrée en chantier ! », un rendez-vous pour découvrir le programme du Funlab le 30 septembre de 17h à 19h, à MAME, 49 boulevard Preuilly, à Tours
Retrouvez les précédentes chroniques de Dcalk, association de promotion du jeu en tant qu’objet culturel