Aperçu de l'interface de Fusion 360, logiciel de conception 3D, compris dans l'offre aux fablabs d'Autodesk. © Autodesk
L’éditeur américain Autodesk a profité de FAB12, la conférence internationale des fablabs en août à Shenzhen, pour offrir aux fablabs chartés MIT sa suite logicielle de conception 3D. Explications.
A l’occasion de la conférence FAB12 à Shenzhen, Autodesk a fait plus grand. En 2016, la société américaine d’édition de logiciels de conception numérique, réputée notamment pour Autocad (conception 3D) ou 3Ds Max (modélisation et animation), s’était déjà fendue d’un cadeau à la Fab Academy : l’accès gratuit à sa suite logicielle Product Design. C’est cette même offre qui a été étendue à tous les fablabs répondant à la charte du MIT qui en feront la demande.
Un bien joli cadeau, puisque l’abonnement à Product Design coûte environ 2 500€ par an. Dans le lot, les déclinaisons d’Autocad, 3Ds Max mais aussi Inventor (conception mécanique), Factory Design Utilities (conception d’usines en 3D) ou encore Fusion 360 (CAO multi-supports). Soit une douzaine de logiciels auxquels il faut ajouter 25 Go de stockage dans le nuage Autodesk. L’économie pour les labs est substantielle. Mais la générosité d’Autodesk ne s’arrête pas là, la société offre 10 licences de chaque logiciel par fablab, soit l’équivalent de près de 25 000 € d’abonnement par an.
Vidéo Autodesk reprenant les meilleures créations de ses clients (2016):
Des réactions contrastées
En France, 84 fablabs sont potentiellement concernés et dans le monde un millier de fablabs ayant adopté la charte du MIT. Pour faire la demande, c’est très simple, il suffit de remplir un bref formulaire et d’attendre une dizaine de jours. Pas sûr cependant que le cadeau convienne à tout le monde. Pour Pol Olory, fabmanager d’Art3fact Lab à Dax (Landes), qui s’interroge « sur les raisons d’une telle offre », ce n’est pas dans « l’esprit des fablabs, qui explorent un autre aspect de l’acquisition des savoirs, hors du champ commercial. Nous formons les jeunes du fablab sur Blender (un logiciel open source, ndlr), c’est suffisant pour acquérir les bases ».
Au contraire, Laurence Berthoud Lafarge, présidente du fablab Kelle Fabrik à Dijon (Côte d’Or), satisfaite de cette initiative, a « suivi FAB12 » et en a « tout de suite fait la demande ». Car « les logiciels libres rencontrent des limites sur des pièces compliquées et nos adhérents, parfois des entreprises, ne parviennent pas toujours à ouvrir leurs fichiers ». Elle estime que les licences vont permettre « à ceux de nos membres qui connaissent ces logiciels d’organiser des ateliers ».
Les fablabs non MIT peuvent-ils tenter leur chance?
Nombre de fablabs et makerspaces français ne sont pas adhérents à la charte du MIT. Peuvent-ils négocier auprès d’Autodesk ? Naimeric Villafruela du fablab Moebius (Seine-et-Marne) rapporte sur son blog avoir obtenu gracieusement plusieurs licences auprès d’Autodesk en 2014. Si ces initiatives personnelles peuvent connaître des fortunes diverses, il reste une voie officielle à exploiter chez Autodesk : justifier d’un projet consacré au développement durable.
Et puis, il existe des logiciels gratuits, comme Blender ou Tinkercad, un logiciel de conception 3D en ligne pour l’apprentissage d’un jeune public ou 123D Circuits, un outil de conception de circuits électroniques.
Une offre pérenne?
Selon Rama Dunayevich, directeur des partenariats chez Autodesk, qui évoquait l’accord avec la Fab Foundation à FAB12, « nous utilisons cet abonnement initial d’un an renouvelable pour récupérer des feedbacks et des données pour être dans des conditions optimales et envisager des expansions futures et des ajustements ». Une invitation à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ?
Le formulaire de demande de licences d’Autodesk pour Product Design (Inventor Professional, Autocad, Autocad Architecture, Autocad Electrical, Autocad Mechanical, Autocad 360 Pro, Factory Design Utilities, Fusion 360, Navisworks Manage, Recap 360 Pro, Rendering in A360, Vault Basic, 3Ds Max)