Ils ont bouclé la boucle de la première expédition MakerTour le 8 mai au Fablab Festival. Etienne Moreau et Mathieu Geiler, après avoir visité 50 labs, livrent une chronique sur les deux fablabs les plus exotiques de leur périple: le MIT-Fablab Norway et celui de Valldaura, en Espagne.
En janvier dernier, une conversation anodine dans un lab allait donner naissance à l’étape la plus épique des six mois de l’expédition MakerTour. Jean-Michel Molenaar, alors fabmanager de La Casemate de Grenoble, avec qui nous discutions de notre itinéraire européen, lâcha : « Si vous ne deviez voir qu’un seul fablab en Europe, ce serait le MIT-Fablab Norway ! » Message reçu.
Le MIT-Fablab Norway, un pan d’histoire perdu dans les fjords
Deux mois d’exploration en France et en Europe, trois avions, une location de voiture et un ferry plus tard, nous nous tenions devant le MIT-Fablab Norway au nord de la Norvège, dans le cercle polaire. Camille Bosqué, qui s’y était rendue il y a trois ans, raconte avec justesse l’histoire atypique du premier fablab européen, là où tout a commencé.
Mais qui se rend réellement dans un fablab gratuit et ouvert à tous au cœur des Alpes de Lyngen ? Si Haakon Karlsen Jr. (à l’initiative du fablab) avance des chiffres impressionnants de fréquentation (6 000 à 7 000 personnes franchiraient les portes du lab chaque année), il s’agit principalement de… touristes et de locaux. Le MIT-Fablab Norway est à la fois un gîte touristique pour explorateurs en quête de fjords, un community center pour son environnement local et une ferme où les moutons côtoient des machines de fabrication numérique.
Par sa collaboration étroite avec le MIT et la légende qui entoure ce fablab, les rares bootcamps attirent des équipes et des étudiants de Boston, ainsi que des makers du monde entier. Lors de notre passage cependant, nous y avons plutôt croisé le maire de Lyngen, des randonneurs et des habitants du coin. Haakon eut le loisir de nous raconter les histoires qui émanent des objets présents dans ce fablab aux allures de musée, le tout en épluchant des bacs de crevettes pour le dîner.
Au-delà de sa version de la naissance des fablabs, il y a 15 ans, Haakon insista longuement sur l’importance de la communauté dans sa définition du mouvement : « A global network of people who want to cooperate and share knowledge. » Une phrase anodine en apparence, mais lourde de sens.
Le Green Fablab, au cœur de la forêt barcelonaise
Du cercle polaire et des fjords norvégiens, nous avons ensuite retrouvé la MakerTour Mobile (notre véhicule), direction les bords de la Méditerranée et Barcelone, ultime étape de ces six mois de tour ! Le Green Fablab nous y attendait, conseillé par de nombreux makers et fablabs sur notre route. Makery s’y était rendu il y a deux ans à l’occasion de la conférence Fab10.
Projet de l’Institut d’architecture avancée de Catalogne (Iaac), ce lieu ne ressemble en rien à ceux que nous avons croisés sur notre route. Grâce à sa combinaison unique d’abord : une villa sublime équipée d’outils de pointe, au cœur d’une forêt de 130 hectares surplombant la ville et la mer. De par sa mission singulière ensuite : explorer et créer de meilleures relations entre la nature, l’homme et la technologie. Et enfin par ses thématiques environnementales (l’énergie, l’alimentation, l’éco-construction et la fabrication).
En errant dans la maison et alentours, on tombe sur un prototype de Wikihouse, le module Aquapioneers d’un étudiant de la Fab Academy, un poulailler et des terrasses agricoles, des constructions d’étudiants en archi, des machines de fabrication traditionnelle et numérique, un panneau de mousse photovoltaïque, un module architectural à base de mycélium (champignons), deux infrastructures distribuées pour la gestion de l’eau (Hydrogrid) et pour l’électricité (Energrid)…
Le Green Fablab de Valldaura veut devenir le premier lab zéro déchet, expérimenter autour de la question de l’autosuffisance et apprendre de la nature pour changer le monde. Dans ses projets, il est question d’aménager la villa pour accueillir des résidents (étudiants et bootcamps) et de lancer le programme Bio Academy pour apprendre à faire pousser (presque) n’importe quoi.
En vidéo, les deux dernières étapes de MakerTour :
En conclusion de ces six mois de tour, ces deux dernières étapes furent deux ouvertures exceptionnelles pour notre projet. Elles ont permis de confirmer la route que souhaite emprunter l’association MakerTour : poursuivre et décentraliser cette démarche d’exploration, de documentation et de partage de la diversité des labs dans le monde. Pour créer ensemble des labs et communautés durables. Notre ultime chronique pour Makery reviendra très prochainement en anecdotes et témoignages sur toute notre aventure 🙂
Retrouvez les clichés des deux dernières étapes de l’expédition et la restitution du MakerTour au Fablab Festival de Toulouse
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