A la Maker Faire Paris les 30 avril et 1er mai était présenté un drôle de prototype de lumière intelligente. Des élèves d’une classe de CM1-CM2 des Hauts-de-Seine l’ont développé dans le cadre du projet Bien fait par eux.
Pas de fantaisie dans les classes, la lumière y est très réglementée. Que se passerait-il si l’on donnait aux enfants le pouvoir d’inventer un éclairage adapté à leurs besoins et leurs envies ? A l’école Ferdinand Buisson de Chaville, en Ile-de-France, la classe de CM1/CM2 a relevé le défi. Exit les néons qui ne font banalement qu’éclairer. Depuis janvier, la classe réfléchit à un prototype de lumière qui permette de communiquer.
Une lumière qui code les émotions
Les enfants voulaient une lumière animée, qui exprime leurs émotions et leur état d’esprit tous les jours en arrivant en classe. Pour Sakada Ly, en charge du projet collaboratif Bien fait par eux au Cube, le centre d’art numérique qui initie des écoles primaires au DiY : « Chaque jour, les enfants personnalisent leur maquette-lumière en changeant trois languettes, qui correspondent aux trois parties du visage. Et montrent s’ils sont contents, tristes ou énervés. »
Les enfants ont aussi décidé que cette lumière devait leur permettre d’interagir avec la maîtresse. Le rituel de l’appel se fait plus en douceur : « Si ma lumière ne s’allume pas, c’est que je ne suis pas là. » Le système permet aux plus timides de signaler s’ils ne comprennent pas : « Si ma lumière est bleue, c’est que j’ai une question à poser. »
Plus étonnant, les enfants ont insisté pour intégrer à leur prototype une fonction sanction. En classe, la maîtresse leur donne une banque de 10 points qui évolue selon leur comportement. Les étudiants designers de Strate ont transposé ce système en intensité lumineuse : « Si je ne suis pas sage, ma lumière est très basse. »
Ce prototype pour lumière communicante a été conçu dans le cadre du projet collaboratif Bien fait par eux, développé par l’espace numérique du Cube d’Issy-les-Moulineaux. Cinq écoles primaires de l’Ouest parisien sont initiées au design thinking et au DiY par des étudiants de l’école de design de Sèvres. Sur six mois, sept séances occupent chaque classe à réinventer un objet du quotidien, porte-manteau, bureau, bibliothèque, station de jardinage ou lumière. La classe de CM1-CM2 Ferdinand Buisson s’est attaquée à la lumière.
Les apprentis makers de Chaville ont d’abord observé les lampes des catalogues de mobilier. Puis ont ensuite rédigé leur cahier des charges avec une belle dose de poésie, raconte Sakada Ly, qui montrait leurs dessins et un premier prototype à la Maker Faire Paris : « Les enfants devaient écrire des lettres d’amour à la lumière pour expliquer ce qu’ils aimaient chez elle, et des lettres de rupture pour exprimer les défauts de la lumière. »
Après une phase de brainstorming, les écoliers sont passés à la conception, à travers des ateliers d’initiation à l’électricité. Et documentent leur expérience sur le compte Twitter de l’école. Comme ci-dessous, la séance des maquettes :
Aujourd’hui, le projet est entré dans la phase prototypage : les designers travaillent sur différentes versions et les montrent aux enfants. Après sa toute première sortie à la Maker Faire Paris le week-end des 30 avril et 1er mai, il sera présenté en fin d’expérience, en juin, notamment à Futur en Seine. Promis, au moins six exemplaires seront réalisés pour que les enfants expérimentent leurs idées dans la vie quotidienne.
Pour en savoir plus sur le projet Bien fait par eux
Suivre l’évolution du prototype sur le compte Twitter de l’école