Bain de culture open source à la grand-messe des développeurs libristes qui se tenait à Bruxelles les 30 et 31 janvier. Les chroniqueurs de l’association Dcalk y étaient, et nous offrent une session de rattrapage orientée jeux ouverts.
Bruxelles, envoyés spéciaux
Le week-end des 30 et 31 janvier se tenait à l’Université libre de Bruxelles le Fosdem (Free and Open Source Software Developers’ European Meeting), le rendez-vous annuel de la communauté européenne des développeurs open source. Dans la devroom Open Source Games, des consoles DiY aux projets scientifiques « gamifiés » se sont succédé au rythme d’une présentation toutes les demi-heures, programmeurs, bidouilleurs, ingénieurs et médiateurs culturels.
5 000 développeurs et hackers sur le campus
Il faut le voir pour le croire : amphis et salles de classe sont pleins à craquer. Les halls et couloirs enquillent stands d’info, de démos ou de merchandising. Un peu partout, des caissettes récupèrent le verre, des bouteilles de Club Maté et de bières belges, bien sûr.
Pour sa 16ème édition, le Fosdem proposait un programme aussi épais que l’an passé avec plus de 600 événements (conférences, présentations, hacking sessions) et 52 thématiques… Sans prétendre à l’exhaustivité, nous sommes restés dimanche dans la devroom Open Source Games, pilotée par l’équipe du Gamelab du CRI (Centre de recherche interdisciplinaire à Paris), que l’on connaît aussi à travers l’activité foisonnante de son club, le Gamelier.
Retrocoding et hardware
Il y avait de quoi satisfaire les nostalgiques du jeu 8-bits avec les présentations des consoles Arduboy et Bitbox. Projet kickstarté haut la main et commercialisé depuis octobre, Arduboy est une console de la taille d’une carte de crédit aux allures de Gameboy, entièrement programmable via Arduino. Le développeur István Szmozsánszky présentait à Bruxelles la version bêta de son environnement de développement intégré (web IDE) qui permet de faciliter la tâche aux novices pour créer et partager des jeux 8-bits.
Au tour du programmeur et bidouilleur Makapuf de bluffer tout le monde avec sa Bitbox, une console de jeu vidéo 32-bits DiY basée sur une simple puce/micro-contrôleur, et surtout la version Bitbox micro, pas plus grosse qu’un connecteur VGA. Le projet Flippaper, ce flipper rétrofuturiste activé à grand renfort de feutres Posca (dont Makery vous parlait ici), complétait les projets hardware de la matinée.
Tools & tricks
Plusieurs outils et logiciels ont fait l’objet de démos, l’occasion de partager trucs et astuces dans la salle de classe. À commencer par l’ingénieur et artiste Jonathan Giroux et ses « détournements » du logiciel libre de modélisation 3D Blender, qui propose aussi un éditeur vidéo et un moteur de jeu. Jonathan Giroux les a utilisés pour exporter de la musique et créer un un jeu de rythme multijoueurs, appelé Touch Me Together.
Mourdjen Bari, développeur au Gamelab du CRI, a passé en revue des outils open source pour le game design tels la base de données Open Game Art, un joystick virtuel ou encore des générateurs de musique 8-bits, qui s’avèrent fort pratiques lors de Gamejam.
Quant à l’outil de suivi, de collecte et d’analyse de jeux Redmetrics, présenté par Jesse Himmelstein, co-fondateur du Gamelier, il a suscité de nombreuses questions… L’ambition ? Récolter les indicateurs (metrics) de parties de jeu – ou la création de « jeux de données » ouverts dans le domaine du jeu vidéo. Un domaine qui n’en est probablement qu’à ses balbutiements.
Le gai savoir
En fin de journée dimanche, les joueurs et leur communauté sont à l’honneur. Le projet de construction d’un ordinateur quantique porté par l’organisation Science at Home, ou encore le jeu d’aventures 2D sur la biologie de synthèse Hero.coli développé par le CRI, proposent des environnements d’apprentissage et de contribution au monde de la science en gamifiant et en ouvrant leurs recherches au public.
Au-delà de la fonction éducative du jeu vidéo, les passerelles avec les sciences citoyennes semblent se mettre naturellement en place. De la même façon, la création de jeu (que l’on parle de programmation, design ou fabrication) devient de plus en plus un espace collectif, à l’instar des Gamejam, ces sprints de 24 ou 48h qui permettent de créer un jeu à plusieurs.
C’est ce qui a d’ailleurs convaincu Wikimedia Allemagne d’organiser en octobre une «Free Knowledge Game Jam», en invitant des game designers à s’emparer de la connaissance libre de Wikipédia (articles, images, base de données) pour créer de nouveaux jeux vidéos. Open source, évidemment.
Makery ouvre ses colonnes virtuelles à l’association Dcalk qui fait la promotion du jeu en tant qu’objet culturel, explore les processus de création, de diffusion dans le domaine des jeux de société. Retrouvez leurs précédentes chroniques par ici.