Open 2017: l’union fera la force des plateformes coopératives
Publié le 21 février 2017 par Elsa Ferreira
Il a fallu treize ans pour réunir tout ce beau monde. Les 16 et 17 février se tenait à Londres la conférence Open 2017, rassemblant une petite centaine de militants des communs, du coopérativisme et de l’open source.
A Londres, de notre correspondante (texte et photos)
« S’il nous a fallu si longtemps, c’est que nous avons construit la communauté », explique Oliver Sylvester-Bradley, cofondateur en 2004 avec Josef Davies-Coates de The Open Co-op, plateforme pour mettre en réseau des individus animés par la même envie de se diriger vers une économie « durable et collaborative ». Les 16 et 17 février à l’université Goldsmiths de Londres, les deux fondateurs organisaient Open 2017, première conférence au Royaume-Uni pour réunir ces communautés encore un peu niche, mais de plus en plus convergentes.
A la tribune se succèdent les grands noms de la communauté : l’universitaire Trebor Scholz, co-auteur de Ours to Hack and to Own, sur le coopératisme de plateforme (Makery vous proposait des extraits du livre en novembre), Felix Weth, fondateur de Fairmondo, une plateforme allemande de commerce en ligne dont les usagers sont les propriétaires, Justyna Swat, co-fondatrice de POC21, l’alternative DiY de la conférence mondiale sur le climat, Pete Lawrence, créateur du festival The Big Chill, venu présenter son nouveau projet, Campfire Convention, une communauté de créatifs en et hors ligne, ou encore Richard Barbrook, architecte du Manifeste pour la démocratie numérique du leader du parti travailliste Jeremy Corbyn, accompagné du député et ancien ministre de l’Economie John McDonnell.
Six mois après le lancement du Manifeste, quel premier bilan ? « Ça a marché puisqu’on a gagné », vante Richard Barbrook, référence à la réélection de Corbyn à la tête du parti. Plus concrètement, il annonce une conférence le 20 mai à Birmingham sur « l’état de l’économie » avec des outils de participation en ligne, pour « rendre possible une participation de masse, permettre des conversations qui ont du sens et prendre des décisions collectives ». Pas une révolution donc, mais une « amélioration » des outils de la démocratie. « Nous allons peut-être nous planter mais nous essayons, concède John McDonnell dans un discours passionné contre l’ubérisation de l’économie. C’est une expérience. »
L’époque est à leur avantage. Depuis un an, Oliver Sylvester-Bradley a remarqué un regain d’intérêt pour la forme coopérative. L’idée désormais est de faire collaborer les différents mouvements, des makers à l’open source, et les différents projets. Pendant deux jours, la centaine de participants construisent un peu plus leurs réseaux : on croisera ainsi Victor Matekole, cofondateur de la plateforme de crowdfunding équitable Seedbloom et soutien du service de streaming en coopérative Resonate ou encore Gauthier Guérin, Français installé en Angleterre qui représente Radical Routes, un réseau de logements coopératifs britannique. En France, le phénomène pointe son nez : à Vaulx-en-Velin près de Lyon, de jeunes seniors se sont regroupés en collectif pour éviter la maison de retraite, et ont créé la coopérative Chamarel « Les Barges ».
« Il y a tellement de projets géniaux », se réjouit sur scène Sebastian Romero, cofondateur de Vientos, plateforme de projets collaboratifs à Mexico. « Il faut trouver un langage commun », dit-il, en écho au sixième des sept principes de l’Alliance coopérative internationale de 1995, la coopération. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ici et là on voit quelques inscriptions en espéranto. Les communs, nouvelle utopie ? « Peut-être bien, admet Oliver Sylvester-Bradley. Je suis un idéaliste. »