Arts plastiques 3.0 à Taïwan
Publié le 2 janvier 2017 par Adrien Malguy
Precious Plastic, le projet de machines à upcycler les déchets du designer néerlandais Dave Hakkens, fait le tour du monde. La preuve à Taïwan, lors d’un atelier du dimanche dans une école, avec des enfants de 4 à 7 ans.
Taïwan, correspondance (texte et photos)
A Tainan, cœur historique et culturel de Taïwan, à l’école de An-Shun, située en zone d’éducation prioritaire, une vingtaine d’enfants de 4 à 7 ans se retrouvent à l’école un dimanche après-midi de la fin 2016 pour apprendre à jouer avec le plastique et lui donner une nouvelle vie.
La session débute par un dispositif pédagogique mêlant pièce de théâtre, jeux de rôle et chasse au trésor. Tout tourne autour du plastique, ses composants chimiques, leur degré respectif de toxicité, son impact et ses méfaits sur l’environnement. Collecte, recyclage et même une nouvelle vie, plus utile et plus honnête, sont présentés aux enfants et leur famille.
L’atelier s’inscrit dans le projet international Precious Plastic du designer néerlandais Dave Hakkens qui propose une machine complète, ou plutôt un ensemble de machines vouées à l’upcycling du plastique. Elles ne s’achètent pas, elle se fabriquent. Toute la documentation nécéssaire à leur réalisation est en ligne, sur le site Precious Plastic.
L’unique machine Precious Plastic de Taïwan a été fabriquée par un groupe d’étudiants en « environmental engineering » de la NTU (National Taiwan University). La machine, à vocation expérimentale, fut ensuite délaissée pendant quelques mois, jusqu’au jour où Rich Chen et Oliver Chang, cofondateurs d’lmpact Hub Taipei, une communauté d’acteurs investis dans l’innovation sociale, décident de la récupérer et de lui donner une nouvelle vie.
L’association P.Foundry, qui a pour mission d’exploiter cette machine à des fins pédagogiques, envoie depuis début novembre des bénévoles, 8 à 12 personnes selon les besoins, démarcher les écoles et parcourir l’île pour mettre en place et multiplier les ateliers comme celui-ci.
Après la mise en bouche, les enfants se rendent dans la cour de l’école, où ils découvrent un ensemble de machines. Chacune est vouée à un usage spécifique. La première est un broyeur, qui permet d’obtenir des copeaux et des granules plastiques issus de plus gros morceaux collectés et préalablement découpés.
Puis vient la machine à injection. Les enfants y introduisent les copeaux dans l’entonnoir et récupèrent directement la matière, sous forme de pâte chaude, et peuvent ainsi commencer à jouer avec et moduler divers objets.
Dernière étape, la compression, qui élargit le champ des possibles en permettant de densifier la matière, via un système de chaleur doté de deux masses qui viennent exercer des pressions de part et d’autre du plastique disposé à l’intérieur du four.
À la fin de cet atelier, qui aura duré près de 3 heures, les enfants repartent avec leurs productions personnelles.
Dave Hakkens, à l’origine du projet Precious Plastic mais également de Phonebloks, a imaginé un processus documenté et partageable pour upcycler le plastique partout dans le monde, en mode DiY. A chacun de personnaliser ses machines, de s’approprier le projet, d’en décliner usages et applications. Il existe à ce jour une trentaine de machines Precious Plastic à travers le monde.
Precious Plastic, présentation du projet de Dave Hakkens:
La démarche de l’association P.Foundry n’est pas si surprenante dans une société taïwanaise en pleine transition écologique, politique et sociale. Ici, le tri des déchets est un acte citoyen fort, indissociable du quotidien. Une base militaire américaine a même été transformée en centre d’innovation et de recyclage flambant neuf en plein cœur de la capitale.