En 2018, la France capitale mondiale des fablabs
Publié le 20 septembre 2016 par Annick Rivoire
C’est lors de FAB12 à Shenzhen cet été que la candidature de Toulouse, Paris et d’un Fablab Festival distribué sur le territoire a été validée pour FAB14. Une reconnaissance de la force du mouvement français.
Une « super opportunité » ; une « reconnaissance internationale de la France » ; un « exploit collectif ». Ces superlatifs émanent de Claude Soria (Artilect, Toulouse), Minh Man Nguyen (Woma, Paris), Olivier Gendrin (RFFLabs, le réseau français des fablabs) qui commentent après-coup pour Makery le choix de la candidature française pour FAB14, la conférence internationale des fablabs, en 2018.
It's official: #FAB14 in 2018 = #FabLabConference in Toulouse + #FabCitySummit in Paris + Fab Festival! #fab12 pic.twitter.com/1Lw4iPnDqI
— Benjamin Tincq (@btincq) August 12, 2016
2014 : #Fab10_Barcelona ??
2015 : @Fab11_Boston ??
2016 : @Fab12_China ??
2017 : #Fab13_Chile ??
Guess for #Fab14 ?
2018 : Fab14_France ????— Vulca (@ProgramVulca) August 12, 2016
Préparée depuis des mois par Toulouse (forte de son expérience en matière de Fablab Festival), remaniée en un peu plus de deux mois avant l’été pour en faire une proposition à trois étages – une semaine de Fabconf à Toulouse, un week-end de Fablab Festival distribué sur toute la France, un symposium sur la Fabcity en début de semaine suivante à Paris –, la candidature française a été présentée cet été à Shenzhen, lors de FAB12, devant un public apparemment conquis. Retour sur un authentique succès pour la scène maker française, et petit avant-goût d’une organisation qui se met en place.
La vidéo de candidature française à Shenzhen (en anglais, signée Artilect, Fab City Grand Paris et RFFLabs):
Début août à Shenzhen, en Chine, la FAB12 fait (un peu moins) le plein des makers de la planète (on vous en rendait compte ici). Sur la scène, la brochette de Français réunis pour pitcher la candidature française à l’organisation de la rencontre internationale des fablabs estampillés MIT, en 2018, présente son projet.
Original et étendu, il propose une version XXL du rendez-vous annuel des fablabs cornaqué par la Fab Foundation du MIT. Pour le coup, ce n’est plus une ville qui candidate mais un pays tout entier :
– une semaine traditionnelle de conférences, ateliers et réunions des fabmanagers et représentants d’un millier de fablabs du monde entier, à Toulouse, berceau historique du mouvement français avec Artilect ;
– un week-end grand public façon Fab Festival distribué sur toute la France avec le concours de la toute neuve association des fablabs français, le RFFLabs ;
– les lundi et mardi suivants, à Paris, un symposium autour de la Fab City, projet phare du mouvement maker, qui envisage un programme d’adaptation des métropoles à l’auto-suffisance d’ici 40 ans.
Londres, qui avait un temps envisagé de se présenter, a déclaré forfait un mois avant le rendez-vous chinois. Restaient en lice Montréal, qui avait les faveurs de Neil Gershenfeld, le « père » des fablabs et professeur au MIT, et la France.
Chaque année, la Fabconf circule de continent en continent : la Chine en 2016, l’Amérique du Nord (Boston, berceau du MIT) en 2015, l’Europe en 2014 (Barcelone) et l’Amérique du Sud en 2017 (Santiago du Chili). Les candidats se manifestent en amont des Fabconfs, pour présenter leur projet et le faire valider au cours de ces réunions de la communauté. Qui choisit ? C’est Neil Gershenfeld, avec l’avis et l’appui de la communauté… qui, en l’occurrence, a sans doute fait pencher la balance en faveur de la France.
« Le choix se fait soit pour solidariser et renforcer un réseau local, soit pour le développer », rappelle Minh Man Nguyen (Woma, Paris). Montréal a un réseau plus émergent, mais le Premier ministre québécois Justin Trudeau soutenait personnellement la candidature et promettait de développer le réseau – entendez : le financer. Le choix de la candidature française est une « reconnaissance de la super communauté française », affirme Claude Soria.
La présentation à Shenzhen insistait d’ailleurs sur le fait que la France est le 2ème pays au monde pour son réseau de fablabs MIT (85 fablabs adhérents à la charte du MIT, et 270 répertoriés sur notre carte des labs), derrière les Etats-Unis. Et deux membres du gouvernement (la ministre de la Culture et la secrétaire d’Etat à l’Economie numérique) avaient apporté leur soutien au projet d’un FAB14 français. « Ce qui a fait peser la balance de notre côté, c’est que le réseau était avec nous : sur 700 participants à Shenzhen, un sur dix était dans le réseau français », affirme Minh Nguyen.
Avec un peu d’humour – en 2018, promet Nicolas Lassabe, cofondateur d’Artilect sur la scène de FAB12, il devrait y avoir autant de fablabs que… de types de fromages en France – et un gros travail en amont (une quinzaine de fablabs français et internationaux soutenaient la candidature française, dont le dossier affichait des partenaires passés et futurs plutôt solides, type Véolia, Castorama, Air France, Toulouse métropole…), la balance a fini par pencher côté français. Grâce aussi à l’engagement d’une communauté française active et soutenue : le RFFLabs distribuera le Fab Festival dans tout le pays, la région Occitanie, qui a obtenu à Shenzhen son label de Fabrégion, s’est engagée à soutenir l’ouverture de 35 fablabs d’ici 2018… Quant à Paris, qui ambitionne de devenir la « cité des makers », l’idée de ville résiliente fondée sur le travail collaboratif est en discussion. De quoi « retourner » Neil Gershenfeld et répondre à l’appel de Sherry Lassiter, la directrice de la Fab Foundation…
Et maintenant ?
Il s’agit de jouer de cette opportunité pour faire grandir le mouvement des fablabs en France, estiment les candidats, un peu dépités du retour un peu « frais » de la communauté française. Une lettre ouverte, signée par 14 fablabs au creux du mois d’août, demandait en effet à partager le gâteau – « nous proposons la création d’une plateforme administrée par les 3 structures organisatrices, accessible à tous », écrivaient-ils. Pour Olivier Gendrin, président du RFFLabs et signataire de ladite lettre (tout en étant porteur de la candidature française), il s’agit avant tout de dissiper les malentendus : « Toulouse a une position incontestable de leader en France », les autres labs voudraient simplement bénéficier « du retour d’expérience d’Artilect » et souhaitent « un peu plus de transparence » dans la préparation de FAB14, explique-t-il.
Du coup, la première réunion entre les Parisiens (Woma, Volumes et Ouishare en tant que porteurs de la Fab City Grand Paris), les Toulousains (Artilect) et Olivier Gendrin (RFFLabs) après Shenzhen a porté sur la meilleure manière de répondre à cette demande. Si les choses sont allées un peu trop vite pour des fablabs en région, il faudra bien qu’ils prennent le train en marche, disent en substance les organisateurs de FAB14. « Tout est à faire, mais on a deux ans, prenons le temps de bien organiser ces trois temps forts, dont chacun sera responsable, tempère Minh Nguyen : Toulouse pour la semaine de Fabconf, le RFFLabs pour le week-end distribué, et Paris pour la Fabcity. »
Première décision prise au cours de cette réunion du 17 septembre : il n’y aura pas de création d’association pour préparer FAB14. Souplesse et organisation tripartite (Toulouse, Paris, RFFLabs) sont privilégiées. Un comité éditorial (composé de 6 à 7 personnes) devrait se réunir régulièrement pour discuter sponsors et partenaires, communication, agenda…
«Il s’agit aujourd’hui d’identifier les sponsors nationaux, de régler la gouvernance, et surtout le fait de pas se marcher sur les pieds!»
Man Minh Nguyen (Woma)
Et Claude Soria à Toulouse de conclure : « Il y a du travail pour accueillir dès mai prochain en European Fablab Festival dans une dimension européenne affichée, comme un prototype de FAB14, qui nous permettra de faire venir plein de gens et de développer notre relation sur la partie locale avec Toulouse Métropole et la Région. Nos partenaires vont nous accompagner, certains sponsors, comme Castorama, avaient déjà signé avant qu’on parte à Shenzhen. On va pousser au niveau du budget pour que chaque fablab dans chaque région demande du financement local. Parce que je crois au principe de la do-ocratie : celui qui fait a raison ! »
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