Clitoris 3D: la chercheuse Odile Fillod fait le point sur le buzz de l’été
Tout a commencé fin juillet avec l’article de Makery sur le premier clitoris 3D imprimé à taille réelle réalisé par Odile Fillod, sociologue des sciences, et Mélissa Richard, du fablab Carrefour numérique à Paris. L’annonce a fait le buzz cet été, à partir de la publication par le quotidien britannique The Guardian d’un article titré « How a 3D clitoris will help teach French schoolchildren about sex » (comment un clitoris 3D va permettre l’éducation sexuelle des écoliers français). Et condensé une bonne dose de hoax. Retour sur l’emballement médiatique avec la chercheuse, interviewée au téléphone.
Comment votre modélisation 3D du clitoris en taille réelle a-t-elle été reçue?
Au départ, le projet a attiré l’attention des réseaux anti-sexistes (un média spécialisé, des blogs, le site SVT égalité, puis un magazine de vulgarisation). Après l’article de Makery, le projet a fait un petit buzz, notamment sur des sites spécialisés d’impression 3D. Quand Stephanie Theobald du Guardian m’a contactée et interviewée en français, j’étais un peu inquiète de la traduction, et j’ai demandé sans succès une relecture. Son article a été publié le 15 août. Il contient deux grosses erreurs : l’idée que la modélisation 3D du clitoris sera utilisée dès cette année dans tous les établissements de France dès l’école primaire, qui a été reprise partout. Et que le clitoris moyen fait 20cm de long, qu’il est plus long qu’un pénis.
Que s’est-il passé ensuite?
J’ai tenté d’obtenir que ces erreurs soient corrigées, mais rien ne s’est passé. Les médias se sont fiés à la réputation du Guardian. L’information est devenue virale. Plus de cent articles de médias étrangers ont été consacrés au clitoris 3D : en Suède, en Espagne, aux Etats-Unis, au Brésil, en Corée, en Chine... Mais aussi des vidéos telles que celle du MicMedia (330 000 vues) et Vocativ. Près de 100% des articles ont relayé les fausses informations, suggérant que la France est très avancée en matière d’éducation sexuelle. Ça a été affreux de constater que peu de médias remettent en question l’information, même si en France, ces deux erreurs ne se sont pas diffusées (le 22 août, Buzzfeed les a démenties).
Quel est votre sentiment vis-à-vis de ce ramdam médiatique?
J’ai un sentiment ambivalent. D’un côté, il y a un aspect très positif : le clitoris en 3D a eu une visibilité inespérée en France et à l’étranger, et hormis sur un obscur site d’extrême-droite, la réception a été très enthousiaste. Cela montre qu’il y a une forte demande d’informations et d’outils pédagogiques sur le sujet. J’espère que cela incitera l’Éducation nationale à s’en saisir, ne serait-ce qu’en mettant la ressource en ligne sur ses plateformes Eduscol et Canopé. D’un autre côté, je suis très contrariée qu’avec le buzz, de fausses informations aient circulé, notamment sur l’anatomie du clitoris, de surcroît associées à mon nom.
En savoir plus en lisant le fil Facebook de la chercheuse et son blog