Play It Yourself!
Publié le 7 décembre 2015 par DCALK (Paris/Bruxelles)
Décembre! A l’heure d’affronter la cohorte frénétique des acheteurs de Noël, l’alternative aux jouets chinois et autres bienveillants Mattel et Lego existe. Ludobox prototype une ludothèque sur le modèle des Piratebox. Pour jouer libre.
Les chiffres d’abord. En 2011, la Chine truste déjà la première place avec 86 % des exportations de jouets, laissant l’Union européenne en seconde place avec un modeste 4,6 %. En attendant que le point de croissance leur tombe du ciel, États-Unis et UE continuent d’avaler goulûment plus de 50 % de la production ludique.
8,4 cadeaux par enfant à Noël
Et ça n’est pas près de s’arrêter. Avec plus de 61 millions de jeux et jouets vendus à cette période, soit en moyenne 8,4 cadeaux par enfant, la France est un solide exutoire pour le marché du paquet cadeau. Le prix moyen par jouet a progressé de 3 % par rapport à 2013 (soit 18,90 €), explique Michel Moggio de la Fédération jeu et puériculture (FJP). Le secteur ne souffre pas tant de l’âpreté des temps qui courent : le cadeau des enfants est bien la dernière chose sur laquelle le foyer est prêt à s’asseoir.
Au risque de passer pour un rabat-joie allergique au diktat du bonnet de Noël pour étudiante-caissière, ou tout simplement pour un radin qui sanglote devant les étiquettes des grandes surfaces, peut-on adopter un comportement anti-Noël exemplaire ?
Avec l’association Dcalk, nous explorons une piste intermédiaire entre « je ne fais pas de cadeau » et « j’ai passé le mois décembre à courir la ville pour finir mes paquets ». Depuis le début de l’année, avec le soutien de la Fondation européenne de la culture, nous nous sommes aventurés dans le prototypage d’une ludothèque de fichiers numérique libres, que nous avons nommé Ludobox.
Des jeux à l’ère de la reproductibilité
A l’instar du livre ou de la musique, le jeu de société et les jouets sont entrés dans l’ère de la reproductibilité et de la diffusion en réseau. Ici et là, des créateurs publient leurs pions 3D en ligne et des éditeurs proposent des jeux en print-and-play, parfois même, sous licence libre.
À la façon des BiblioBox ou PirateBox qui permettent de partager des ressources numériques libres via un réseau offline et anonyme, nous compilons dans la Ludobox des jeux de société à imprimer (du jeu de carte au jeu de plateau), des publications, des plans pour fabriquer soi-même ses jouets, boîtes de rangement ou aires de jeu dans l’espace public.
Travaillant avec les outils, méthodologies et valeurs propres à la culture numérique libre (licence, copie, partage), le projet de la Ludobox a vocation à évoluer dans ses contenus et s’ouvrir à la contribution. 2016, vers un réseau de ludothèques numériques ?
Nos recommandations de jeux DiY
Pour commencer, on peut faire chauffer l’imprimante couleur et la plastifieuse ! Pour égayer vos discussions sur la COP21, on vous renvoie vers Deepsea Desperation des malicieux Terror Bull Game, où s’affrontent une compagnie pétrolière et le Rainbow Warrior. Si on préfère s’en tenir au grand nom du jeu de société, on imprimera Tong de Bruno Cathala et de l’illustratrice Camille Chaussin. Et pour les longues soirées d’hiver, l’incontournable Cards Against Humanity, traduit en 25 langues.
Côté atelier et impression 3D, on ne manquera pas de trouver quelques gadgets sur des sites comme Thingiverse : marionnette Froggy, dinosaure à construire, toupie, spirographe, jeu d’échecs animalier, etc. Nous, on aime bien sûr Cyvasse, le jeu pas tout fait officiel mais libre, inspiré du juteux univers Game of Thrones, et les Open Toys pour transformer vos légumes (ou autres) en bolide !
On ne peut que vous conseiller d’essayer, de bricoler, d’améliorer quelques-uns de ces cadeaux ! Dcalk reviendra prochainement vous parler jeu, artisanat numérique, game design et DiY : du mignon, du sale, du provocant, de l’innovant contre les idées reçues entourant la culture ludique et open source.
Allez, DiY ton joyeux Noël !
DCALK, collectif entre Paris et Bruxelles, fait la promotion du jeu en tant qu’objet culturel. C’est en explorant les processus de création, d’édition, de diffusion dans le domaine des jeux de société que Dcalk développe des espaces de transfert d’idées et de valeurs pour une ouverture du secteur à d’autres formats et considérations. Makery ouvre ses colonnes virtuelles à l’association.