Braquage d’idées pour aider les réfugiés
Publié le 20 octobre 2015 par Nicolas Barrial
En quoi le mouvement maker peut-il aider à résoudre la crise des migrants qui secoue l’Europe depuis des mois ? A Paris, une soirée Forward Refugees le 14 octobre a tenté d’apporter des réponses…
Un marathon d’idées pour aider les réfugiés, telle était la thématique d’une soirée au SenseCube le 14 octobre à Paris. Une cinquantaine de personnes, dont pléthore d’étudiants, y a manipulé concepts, Post-It et idées autour de trois projets choisis par MakeSense, plateforme communautaire qui mobilise l’entrepreneuriat social autour de grandes causes, finaliste du Google Impact Challenge 2015 : SOS Méditerranée, un bateau civil pour secourir les réfugiés, le Cosem, un centre de santé parisien en quête de patients réfugiés à traiter et l’association d’aide aux réfugiés en milieu urbain Urban Refugees (qui fera l’objet d’une session de réflexion le 22 octobre).
Forces (et faiblesses) en présence
Avant d’entamer la réflexion en petits groupes (les « hold-ups », selon la terminologie MakeSense en vigueur), une présentation générale a permis de cadrer le sujet.
Marion Coqueblin, d’Urban Refugees, rappelait la durée de vie moyenne dans un camp : 17 ans ! Un provisoire qui dure, donc, le plus souvent dans la violence, les trafics et l’insalubrité. Les réfugiés ne peuvent espérer un avenir et une vie décente qu’en fuyant vers les villes. Selon Marion Coqueblin, plus de la moitié d’entre eux sont désormais en milieu urbain. Là où devrait se concentrer l’aide internationale.
Pour Alice Barbe, de l’association Singa, qui œuvre depuis sa création il y a trois ans à l’intégration socio-économique des réfugiés, « la pitié que l’on peut ressentir n’est pas nécessairement positive pour les réfugiés ». L’association partenaire de la soirée entend mobiliser un maximum de personnes autour de projets professionnels portés par des réfugiés.
Mais avant d’arriver en ville et de retrouver un travail, le réfugié prend la mer. Depuis début 2015, selon le Haut commissariat aux réfugiés, 2 850 d’entre eux ont trouvé la mort en tentant de rejoindre l’Europe (et 380 000 y sont arrivés depuis janvier).
Le projet SOS Méditerranée est né de cette urgence. Klaus Vogel, capitaine de marine marchande allemand et Sophie Beau, responsable de programmes d’action humanitaire à Marseille, ont eu l’idée d’affréter un bateau civil pour le sauvetage en mer des réfugiés.
En partenariat avec Médecins du monde, SOS Méditerranée a lancé une campagne de financement participatif sur Ulule, qui a déjà récolté 250 000 € de promesses de dons (sur 100 000 € demandés). Mais selon Jean Karinthi, directeur de la Maison des associations du 2ème arrondissement à Paris, « une telle entreprise demandera plutôt quatre millions d’euros ». Objectif du soir : trouver les moyens d’atteindre 400 000 € avant la fin de la campagne, d’ici une semaine.
Le centre de soins Cosem, dans le 19ème arrondissement de Paris, était venu présenter l’autre sujet de cette soirée. Le problème numéro un de ce centre qui soigne une demi-journée par semaine les réfugiés n’est pas tant de trouver des médecins que de faire venir les réfugiés au centre. L’absence de patients met tout simplement en péril la mobilisation des soignants. L’interdiction légale de faire de la publicité pour les centres médicaux et un budget serré n’aident en rien.
Chifumi et Post-it
A 20h30, les animateurs dispatchent les participants en petits groupes pour entamer le processus de réflexion. On entre dans le monde parallèle du brainstorming. On joue à pierre-feuille-ciseaux pour se connaître. On jette sa meilleure idée pour garder la plus mauvaise. On échange avec celle du voisin pour en tirer les points positifs. Tout est noté sur des Post-It qui finissent par recouvrir totalement les tables de réunion.
Du côté du hold-up Cosem, on débusque les freins qui empêchent les réfugiés de se rendre au centre, on identifie les lieux où ils se réunissent dans Paris et on imagine des stratagèmes pour les faire venir. Distribution de kits d’hygiène, diffusion d’informations sur les pages Facebook qu’ils consultent… A l’issue de deux heures du « braquage d’idées », les présentations regroupant les solutions sont soumises à la critique.
Côté SOS Méditerranée, « on a trente idées directement opérationnelles, s’enthousiasme Jean Karinthi, dont une vingtaine auxquelles on n’avait jamais pensé. » Un bureau de mobilisation autour de SOS Méditerranée reste ouvert au SenseCube jusqu’à la fin de la campagne de financement. « On va essayer de faire venir Anne Hidalgo », lance Jean Karinthi.
En savoir plus sur les projets d’aide aux réfugiés sur le site Forward