Chronique d’une makeuse en matériaux #7
Publié le 13 juillet 2015 par Caroline Grellier
De retour dans les vignes languedociennes, la priorité de juin pour La Termatière est la chasse aux euros! Etudes de faisabilité commerciale et technique en vue, afin de vérifier ce que mon sarment a dans la fibre et de savoir si le projet peut changer d’échelle.
Après avoir défini mes besoins en investissements et repéré les partenariats à mettre en place, le plus dur reste à faire pour mon projet La Termatière, agence de design spécialisée dans les matériaux bio-sourcés : trouver un peu de financement pour déclencher les études techniques et ainsi franchir la prochaine étape de concrétisation du projet. Les sollicitations auprès de la région Languedoc-Roussillon sont en cours, et en attendant, la chasse aux euros reste ouverte.
A la pêche aux sous !
Plusieurs stratégies sont envisageables pour récolter des euros dans son filet, à commencer par la participation à des concours. Des gros, des petits, des régionaux, des nationaux, des ultra-locaux, des internationaux in english, avec un mot d’ordre : Yes, I can. Pourquoi y participer ? Pour se challenger et rencontrer d’autres porteurs de projets embarqués dans le même bateau ; pour évaluer les marques d’intérêt autour de son idée ; pour se faire connaître auprès de sympathisants qui ont envie de t’aider, de financeurs potentiels, de gens réceptifs à tes revendications («oui messieurs dames, les matériaux bio-sourcés sont les matériaux de demain ! »), bref, agrandir son réseau et se crédibiliser.
Pour La Termatière, la pêche a été bonne en ce mois de juin, avec un premier prix remporté le 17 juin à la 7ème édition du Concours de création d’entreprise éco-citoyenne, organisé par l’école ESAM à Paris. Outre le joli chèque qui fait bien plaisir et les prix en nature accordés, cette soirée m’a aussi permis de communiquer sur La Termatière, de parler de déchets viticoles, de matériaux bio-sourcés et d’économie circulaire à la centaine de personnes présente. Une opération « carte de visite » plutôt concluante donc, j’apprends sur le tas à endosser ma casquette de commerciale et je me fais un plaisir d’évangéliser le design comme outil stratégique de mise en œuvre de l’économie circulaire.
Le 2 juillet est venue s’ajouter une autre bonne nouvelle, de quoi maintenir confiance et motivation au top ! La Termatière fait partie des 50 lauréats nationaux du Prix Tremplin – Concours I-Lab 2015, organisé par les PEPITE (Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat) avec le soutien du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Un gros chèque, attendu pour la remise des prix en septembre, qui tombe à pic pour financer une partie du programme de R&D avec l’INRA de Montpellier, mais aussi de quoi investir dans de petits outils pour me recréer mon atelier low-tech et poursuivre mes expérimentations.
Fibre de sarment, pain de sarment, poudre de sarment, etc.
Des expérimentations qui s’articulent autour d’une ressource principale représentant plus de 60 000 tonnes de matière première chaque année en France : le sarment. Ce bois au grain particulièrement fin, à la fibre longue et souple et à la qualité exceptionnelle mériterait un tout autre destin que celui de finir broyé ou pire, brûlé au fin fond du vignoble, comme un vulgaire déchet.
La fibre étant suffisamment longue et résistante comme celle du lin, pourquoi ne pas la tisser, la tricoter, l’entremêler. Le sarment en bois reconstitué type medium s’avère, d’après mes premiers tests, être un sérieux concurrent aux bois reconstitués classiques type medium, agglomérés, OSB, en raison de sa meilleure tenue aux vissages/dévissages et assemblages (pas de fissurations ou de perte de matière) et surtout, de sa légèreté incroyable. Du sarment en copeaux pour isoler les caves, du sarment en medium de bois pour concevoir des caisses de vin ou des paniers à vendanges, du sarment en fibres pour câler les bouteilles pendant le transport en carton, etc.
Bref, y’a de l’idée à creuser dans le sarment.
Le Chapitre : domaine expérimental de Sup’Agro
La semaine dernière, première rencontre avec le Domaine du Chapitre, terrain expérimental de Sup’Agro Montpellier. Un véritable laboratoire où l’on cultive d’anciens cépages quasiment disparus et où l’on enseigne aux étudiants la sélection de la vigne. J’y ai découvert lors de ma visite une nouvelle matière première inutilisée : les terres argileuses de filtration du vin. Un seau de cette matière odorante m’attend la semaine prochaine, pour déceler les potentiels techniques de cette ressource, imaginer le champ des possibles de ses transformations et définir des applications adéquates pertinentes et in situ.
Retrouvez les précédentes chroniques d’une makeuse en matériaux