Futur en Seine, le «demo or die» francilien
Publié le 16 juin 2015 par Nicolas Barrial
Défilé de prototypes au Village de l’Innovation de Futur en Seine 2015, le festival tout numérique francilien. A la Gaîté lyrique du 11 au 14 juin, makers et porteurs de projets ont rencontré un public nombreux. Avec une séance de puçage humain très médiatisée à la clé.
Texte et photos : Nicolas Barrial
Samedi 13 juin, la Gaîté Lyrique, centre parisien de la culture numérique, était envahie par une foule de curieux et passionnés de technologie, un peu échaudée par les ordinateurs qui ventilaient la fournaise, venus découvrir le Village des innovations de Futur en Seine 2015. Thème choisi pour cette édition du festival francilien du numérique, « Human X Digital ». Au milieu des nombreuses démonstrations de réalité augmentée et autres applications pour musées interactifs, certains stands offraient de la matérialité, notamment l’étage consacré aux fablabs, pour faire sortir les visiteurs du tout écran.
La Joconde, reine du cross-média
La Joconde, symbole d’art et d’éternelle modernité était à l’honneur au travers de « Living Joconde » du chercheur Florent Aziosmanoff, fondateur du Living Art Lab, qui a donné à la madone une nouvelle vie dans le cloud et transmet son portrait vivant dans des applications et des objets connectés. Comme un pendentif ou un écran-tableau sur lesquelles la Joconde changeait d’expression — sauf son sourire évidemment — en fonction de la position de l’observateur.
Joconde, c’est aussi le nom du catalogue des collections des musées de France, la base de données patrimoniale la plus interrogée du ministère de la Culture. L’institut de recherche et d’innovation du Centre Pompidou (IRI) qui avait son stand au Village propose de mettre cette base à l’heure du web sémantique et de Wikipédia. Le site Joconde Lab s’y consacre, en développant des outils de multilinguisme et d’interactivité. Un outil discret, mais très puissant.
La fraiseuse voyageuse
A l’étage des fablabs, sur le stand de la Nouvelle Fabrique, une petite fraiseuse CNC avait été équipée d’une plume en guise de fraise pour croquer un portrait stylisé des visiteurs. Selon Sonia Laugier, designer chez In-Flexions et membre du collectif des Arts Codés, l’objectif est de connecter des process numériques avec des techniques traditionnelles, comme ici, le dessin. Fabriquée par François Brument, la machine a été conçue pour pouvoir être démontée et voyager. L’année dernière, elle était en résidence au Yingge, le musée de la céramique de Taïwan.
Un télescope DiY pour chasser les astéroïdes
Du portrait à l’observation de l’univers, le numérique peut tout. La mise en réseau de petites contributions scientifiques, c’est ce qu’on appelle la science citoyenne, surtout quand il s’agit de s’unir pour lutter contre des menaces planétaires, notamment les astéroïdes. C’est la surveillance de ces corps célestes qui fut à l’origine de la conception de l’Ultrascope par les Britanniques de l’Open Space Agency. Ce télescope en open source, gagnant du concours IOT de Dassault Systèmes, se construit à partir d’une base Arduino et associe une application pour mettre en commun les observations.
Les données de la pollution vs la pollution des données
La pollution est quant à elle la préoccupation de la start-up française Plume labs, qui avait installé l’Urban Dirt Lab, un poste d’observation avancé des polluants présents dans l’air du quartier de la Gaîté. Un guichet était ouvert pour distribuer des kits de prélèvement et un capteur à porter sur soi lors de ses déplacements. Quelques minutes seulement pour télécharger l’application et la coupler au capteur et l’on pouvait voir s’afficher le type de polluants de la zone visitée. Plume Labs compte bientôt commercialiser l’équipement, le temps de le miniaturiser un peu plus.
Sur les marches de la Gaîté, l’artiste Albertine Meunier et les membres du collectif We love the Net tentaient de sensibiliser les visiteurs sur la valeur (convoitée) de nos données personnelles. Et de leur faire réciter le manifeste Datadada, écrit en 2014 par Albertine Meunier et Julien Levesque, à une foule enthousiaste. Entre deux tweets ou partages Facebook évidemment.
Les robots découvrent la loi de Murphy
Peu préoccupés par la qualité de l’air, des robots jouaient les hôtesses à l’entrée de la Gaité. My Buddy et ses yeux de manga a su amuser les nombreux enfants qui virevoltaient autour de lui, jusqu’à en griller sa reconnaissance vocale. Avatar, le robot à taille humaine qui se commande par la pensée a vu également le câblage d’un de ses bras lui faire défaut. Et les ingénieurs co-concepteurs de Blue Frog Robotics et du Centre de Robotique Intégrée d’Ile de France (CRIIF) de s’affairer à son chevet toute la journée.
Les petits humains, eux, avaient une salle qui leur était dédiée pour s’essayer à la robotique, mais aussi à la bidouille et au fablab, notamment grâce à Planète Sciences, association très active de pédagogie scientifique. Benoît Henry, l’un des animateurs présents, nous a fait part de l’ouverture prochaine d’un fablab de l’association à Ris Orangis (91).
Le futur dans la peau
En fin de journée samedi s’est tenue la première « Implant Party » recensée en France, une cérémonie autour de l’augmentation par la technologie et le passage de la barrière cutanée pour des objets non médicaux. Pour faire simple : l’implantation d’une puce électronique sous la peau.
Organisée dans l’auditorium de la Gaîté par les Suédois de Bionyfiken, l’implant party a suscité une excitation fiévreuse chez les spectateurs et fait quelques heureux, comme Awa, qui s’est fait implantée en direct et qui fait maintenant partie des premiers pucés français.
Le Village des innovations est clos, mais Futur en Seine se poursuit jusqu’au 21 juin