Julien Maire réinvente le cinéma «Relief», en stéréolithographie
Publié le 21 octobre 2014 par Jullian Champenois
L’artiste français expose jusqu’au 26 octobre à l’espace iMal deux nouvelles pièces réalisées au sein du fablab du centre d’art bruxellois. «Relief» déconstruit l’image, de l’animation à la synthèse, revisitant la 3D en stéréolithographie.
(Bruxelles, correspondance)
Le cinéma en relief proposé par Julien Maire, artiste français féru de nouvelles technologies, mélange techniques traditionnelles, impression 3D et décomposition du mouvement pré-cinématographique. Son Relief, nom de l’exposition qu’il présente à Bruxelles jusqu’au 26 octobre, n’a plus rien à voir avec la 3D, mais se rapproche d’un cinéma « physique » incarné par des figurines sculptées en stéréolithographie et qui, agencées sur une sorte de carrousel, illusionnent le regard du visiteur, qui croit voir du mouvement dans le défilé représentant un homme creusant un trou.
L’artiste français en résidence chez iMAL, utilise à plein toutes les possibilités des machines que propose le fablab du centre d’art numérique. Les deux nouvelles installations qu’il y présente creusent un peu plus son travail d’archéologie des médias, en déconstruisant notre rapport à l’image de synthèse, en décortiquant le rapport de l’image à l’espace, du volume d’un objet à sa représentation en 2 dimensions.
« L’image est aussi intéressante à regarder que son moyen de production. C’est toujours travailler des deux côtés du cône de lumière, si on imagine la projection comme un cône. » Julien Maire
Relief occupe deux pièces de l’espace iMAL. La première montre des structures pliables en mouvement perpétuel, la deuxième projette ce personnage jouant avec les flous et les formes. Le film traditionnel est remplacé par une projection d’impressions 3D de 85 personnages en stéréolithographie. L’effet 3D du personnage est « flouté » par la projection qui donne l’impression d’un film animé.
Dans la première salle, une théorie de fils en forme de toile d’araignée articule des constructions en panneau de fibres de bois découpées au laser qui s’étirent et se contractent sous l’effet de petits moteurs pilotés par Arduino, actionnant des poulies. En position étirée, les quelques grammes de matière qui les composent remplissent presque la salle qui les accueille. « C’est un modèle économique : remplir un maximum d’espace avec un minimum de matériau », explique l’artiste alors qu’il met les moteurs en marche.
Dans la deuxième pièce, l’artiste né en France propose « de faire des aller-retours entre les propriétés d’une image et les propriétés d’un espace ». Une scénette composée de 85 figurines se décompose sur la bande de film circulaire qui les supporte. Elles ont été imprimées par stéréolithographie (impression 3D haute résolution par solidification d’une résine liquide dans un bain) avec une Form1 de Formlabs.
Traversées par un rayon lumineux, ces figurines projettent sur un écran des images où le « relief » se fait sentir par un jeu de flou et de netteté savamment maîtrisé. Il ne reste plus qu’à lancer la rotation de la bande de film pour voir apparaître à l’écran une animation où le mot « relief » prend tout son sens. Etant donné la fragilité de l’installation, la projection a été restreinte aux jours de vernissage et finissage, le 26 octobre prochain. Peut-être cela explique-t-il l’absence de spectateurs en ce samedi après-midi ensoleillé?
Julien Maire explique sa méthode de travail pour produire « Relief » :
Julien Maire, résident à l’iMal, a pu développer ses nouveaux projets dans le fablab du lieu, ouvert en 2012, dont il est l’un des responsables. Relief sera présenté à la galerie Seconde Nature d’Aix-en-Provence du 4 novembre au 6 décembre prochain, tandis que la Friche de la Belle de mai à Marseille présentera une installation plus ancienne, Perpendicular Cinema (2011), du 5 au 30 novembre.