Valldaura, lab autosuffisant sur la montagne
Publié le 22 juillet 2014 par Quentin Chevrier
Sur les hauteurs du parc de Collserola surplombant Barcelone se trouve un fablab expérimental unique en son genre : le Green Fablab autosuffisant de Valldaura. Visite en images.
Texte et photos Quentin Chevrier
Un dimanche de début juillet, un taxi quitte l’hypercentre de Barcelone, traverse la proche banlieue et grimpe les pentes du parc Collserola bordant le nord de la capitale catalane. A son bord, un des fondateurs de La Machinerie (fablab, Amiens), un membre de la Paillasse (biohacklab, Paris), le créateur nancéen de la Foldarap, et votre guide. Nous profitons de FAB10 pour faire une excursion vers Valldaura, ce lab d’un nouveau genre dont toute la fabconférence parle. Après une petite demi-heure de route et un aller-retour hasardeux en pleine voie pour retrouver notre chemin, le chauffeur nous dépose sur une crête. Une petite flèche gravée sur un panneau de bois indique « FAB10 fablab ». Nous prenons à droite sur une route forestière en descente. Après quelques dizaines de mètres, des poules et des oies se font entendre. Derrière elles, une énorme maison ensoleillée posée au sommet d’une colline. Nous y sommes. Bienvenue à Valldaura.
Valldaura est un laboratoire d’expérimentation grandeur nature dédié à l’autosuffisance. La bâtisse, rachetée en 2008 par l’école d’architecture IAAC (Institute for Advanced Architecture of Catalonia), accueille des étudiants en master de design en autosuffisance et héberge plusieurs programmes de recherche : le EnergyLab, le FoodLab, et le GreenFablab. Des week-ends d’initiation, des ateliers, et des évènements privés sont également organisés.
L’EnergyLab est un test grandeur nature du Energrid Research Project : chaque bâtiment de Valldaura est consommateur et producteur d’énergie. Tous sont reliés à un réseau local autogéré optimisant l’équilibre entre besoin et production. L’eau intéresse aussi le lab à travers le projet HydroGrid : chaque type d’eau (eau potable, eau de pluie du toit, de la terrasse, eaux usées…) est mesuré, stocké et utilisé séparément pour optimiser la gestion des ressources. Un processus que Valldaura tente d’appliquer à tous ses matériaux et ressources. Le lab s’intéresse également à la création de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes faits-maison.
Le FoodLab s’emploie à rendre Valldaura autosuffisant en nourriture, à travers élevage et agriculture mêlant techniques anciennes et modernes. Le lab collabore avec le mouvement mondial Slowfood et invite des chefs de renom à cuisiner avec les produits locaux, selon la mouvance du zero-mile diet (le régime à zéro kilomètre).
Le GreenFablab est un fablab classique de fabrication numérique collaborant avec le Fablab Barcelona. Sa différence réside dans son parti pris d’utiliser autant que possible des ressources locales (biomatériaux, bois, champignons, terre…) et de créer des matériaux (verre, briques…) pour ses projets de fabrication.
Valldaura affiche une liste de partenaires, soutiens et sponsors longue comme le bras, preuve de l’intérêt que suscite le projet. Institutions : les ministères espagnols de l’Industrie, de l’Energie, du Tourisme, de l’Economie et de la Compétitivité, le parc de Collserola, la commune de Cerdanyola del Vallès. Ecoles : l’Université polytechnique de Catalogne, le MIT, le Center for Bits and Atoms, i2cat et l’IAAC. A cela s’ajoutent treize partenaires et sponsors industriels.
Plus d’informations sur Valldaura, self sufficient lab.
Le Mini Green Lab
En nous perdant dans les couloirs et les jardins de la maison, nous croisons un quinquagénaire en espadrilles portant sous son bras chiffons et bouts de bois. David Forgham Bailey est un voisin de Valldaura. « Je vis et travaille dans ma petite caravane depuis un mois, dit-il en pointant du doigt l’extérieur du rez-de-chaussée. Je l’ai acheté moins de 1000 euros il y a quelques mois, depuis je la répare et je l’améliore avec tout ce que je trouve dans les environs. »
Sa caravane est mieux équipée que les modèles à 4000 euros sur le marché, affirme-t-il. Pour David, ce projet est d’abord un acte militant : « Je travaille en collaboration avec le Schumacher College au Royaume-Uni, un endroit formidable dédié aux solutions écologiques et sociales autosuffisantes. Je ne suis pas très fan de l’impression 3D ou des découpes-laser. Ça reste du plastique fondu et ça dégage beaucoup de gazs toxiques. Alors je fais de mon mieux à mon échelle pour montrer une autre voie. »
Pour contacter David Forgham Bailey : dfb@fabfolk.com